Extra-Terrestres au Cinéma #2 _ Critique de copa738
La terre tremble. Des éclairs, par
dizaines, pas centaines, par milliers frappent tout près et souvent au
même moment. Quelque chose a bougé. Là, sous nos pieds, le danger nous
guette. D'immenses machines aux faux airs de tripodes sortent de la
terre, terrassent tout ce qui passe par là grâce à un rayon laser.
Cette fois, c'est la guerre, la guerre des mondes.
Remake astucieux et bien pensé de la célèbre Guerre des Mondes de
Byron Haskin (adaptation du roman de H. G. Wells) qui ne brille pas par
ses effets spéciaux, le film de Spielberg arrive à un moment où on ne
l'attends pas. Cette reprise du film raté de 1953 apporte un gros coup
de souffle au mythe de Wells en s'appuyant sur des effets spéciaux
novateurs et en ciblant directement des personnages attachants.
Cependant, l'histoire de la Guerre des Mondes n'est pas si facile que ça. C'est un drame familial sous fond de guerre contre les méchants extraterrestres qui viennent nous prendre notre jolie terre polluée.
On pourrait se demander se qu'ils peuvent bien vouloir faire de ce
vaste dépotoir. Mais ce cher Steven Spielberg ne nous en laisse pas le
temps. Dès lors, une course poursuite infernale se dévoile. Plus les
péripéties s'enchainent, plus les rapports entre Ray et ses deux
enfants se dégradent. Ray doit faire face au monstre seul, sans le
soutien ni l'aide de ses enfants qui commencent à faire tout pour lui
pourrir la vie. Le metteur en scène accentue le côté très américain de
la famille (dès que Ray s'échappe avec ses enfants, tout le monde croit
que ce sont des terroristes, dû au traumatisme du World Trade Center).
L'intrigue se poursuit et on apprends vite que ces tripodes ne sont en
fait que d'immenses machines servant d'entrailles à la terre. Enterrées
ici depuis des milliers d'années, elles sont pilotées par des aliens
qui ont gagnés leurs ''véhicules'' en transperçant la terre par les
éclairs. On continue alors dans cette route où on s'identifie de plus
en plus à cette petite famille déchirée en deux. Les enfants veulent
rejoindre leur mère, Ray n'attends que ça pour se mettre en sécurité.
Après plusieurs actions périlleuses qui mettent constamment nos curs
en dangers et nos nerfs en pelote, les trois arrivent sains et saufs
dans leur foyer, trop facile me direz vous, mais ce happy-end à la fois
foireux et émouvant soulage un public au bord de la dépression
nerveuse. Un final rassurant et une magnifique explication en voix-off,
pour poursuivre le début du commencement.
Si l'intrigue est royalement simpliste, les effets spéciaux peuvent en prouver le contraire. Mais pas seulement, Spielberg arrive à nous transporter vers de nouvelles sensations, inédites dans un film de science-fiction.
Comment ne pas exploser de rire quand Tom Cruise projette violemment
une tartine de beurre de cacahuète sur la fenêtre ? Comment ne pas haïr
cette petite fille qui se plaint tout le temps ? Comment ne pas verser
une larme devant cette scène mythique des milliers de cadavres qui
flottent sur la rivière ? Comment ne pas être choqué lors de la scène
où Ray tue son compagnon de cave après avoir bandé les yeux de sa fille
pour ne pas qu'elle voit et qu'elle entende ce que son père va faire ?
Comment ne pas être déboussolé après la pseudo-mort de Robbie (qui
revient miraculeusement à la vie en fin de film, un élément qui a
perturbé le bon système émotionnel du film, lui donnant un sens un
tantinet plus irréel) ? Comment ne pas retenir sa respiration (en motif
de soutien aux protagonistes) lorsque les aliens s'introduisent dans la
cave ? Comment ne pas frémir dans la scène de l'enlèvement de Rachel
dans un paysage peuplé par des herbes rouges et des marres de sangs
(une fois les humains tués, les monstres pompent le sang pour ensuite
de dégager sous une sorte de vapeur rouge qui se transforme en végétaux
écarlates) ?
Il est difficile de ne pas éprouver de sentiments envers ces gens qui traversent une passe difficile. Spielberg
joue sur l'émotion et y invite ses petits effets visuels faits maison
pour nous chambouler. Un train en flamme, un bateau qui se renverse, et
nous voilà une nouvelle fois pris d'assaut par ce festival de trucages
exceptionnels servis par
des acteurs convaincants jusqu'au bout. Si nous restons scotché sur
notre siège jusqu'à la dernière minute, on prends le temps aussi de
respirer dans les trop peu nombreux moments de calme. Mais le
réalisateur ne veut pas faire des aliens un unique ennemi, il démontre
aussi que l'homme peut-être une sale ordure quand il est question de
survivre. Il est difficile de croire en cette scène où Ray et sa
famille se font prendre leur voiture (qui est la seule qui marche, bien
évidemment). Mais ce remue-ménage mortel et sanglant n'est qu'une
triste vérité, une réalité peut-être dure à comprendre. Et c'est un peu
traumatisés, perturbé que nous assistons à la crucifixion des méchants
extraterrestres (après une mise à mort made in humains) plus naturelle
que jamais. L'air était devenue insupportable pour les méchants, dès
lors qu'ils posaient leurs mandibules gluantes sur terre, ils étaient
condamnés. Avec cette fin, Spielberg émerveille tant elle coule de
source mais tant elle est imprévisible (pour ceux qui ne connaissent
pas l'histoire) et c'est avec ce mot de fin qu'il conclut un film
mouvementé par les problèmes sectaires de Tom Cruise (il était plus
préoccupé à l'époque par la scientologie que par le film, ce qui lui
valut quand même son plus gros cachet empoché lors d'un tournage d'un
film) et par un budget conséquent. Au final, La Guerre des Mondes est un excellent film qui vous fera passer un agréable moment de frissons, de larmes et d'action. Alors oublions
ces quelques éléments un peu faciles, oublions ces faux raccords et ces
erreurs d'inattention. Nous sommes devant un chef d'uvre d'originalité
et de beaux graphismes, et c'est juste ça qui compte.